Idée reçue

Scénario catastrophe 2 – En 2060, une année glaciaire empêche le refroidissement des centrales nucléaires.

Trompeur !

En bref

Le changement climatique provoque l'arrêt du Gulf Stream. La modification des courants entraîne un refroidissement continental et l’Europe se retrouve sous la glace. L'eau n'alimente plus les centrales nucléaires qui ne pourraient plus être refroidies, et deviendraient donc inopérantes.

En détail

La glaciation de l’Europe par arrêt du Gulf Stream est peu probable même si quelques climatologues y croient. Mais cela n'arriverait pas de manière brusque. C'est au contraire un processus sur plusieurs décennies qui pourra être anticipé.

En particulier, le gel de la Manche n’est pas envisagé même dans les scénarios du pire.

Il est également peu probable que la formation de banquise sur la mer soit une menace sérieuse pour les réacteurs nucléaires. D’une part, les prises d’eau sont protégées par des digues, et la glace ne serait que superficielle, laissant libre de circuler l'eau qui se trouve en dessous. D’autre part, la centrale relâchant de l’eau tiède, une zone libre de glace se formerait naturellement autour de l’installation.

On dispose déjà d’un point de comparaison assez similaire lors de la crise énergétique texane de février 2021. En raison d’un vortex polaire, les températures sur l’état (d’ordinaire assez chaud) sont tombées sous les -15°C, paralysant bon nombre d’infrastructures énergétiques, en particulier des centrales à gaz, pas conçues pour affronter de telles conditions. Sur les 4 réacteurs nucléaires en fonctionnement à ce moment-là dans l’état, seul un a subi une défaillance, en raison d’une fausse alarme causée par un capteur non adapté à de telles températures. Le réacteur a redémarré moins de 2 jours plus tard.

Cependant, la problématique d’accès à la centrale par les salariés en cas d'événement climatique extrême est réelle, est déjà survenue (Blayais 1999), et fait l’objet d’études de sûreté.

Elle pose néanmoins moins de problèmes que la crise sanitaire du COVID-19 qui est arrivée en pleine période de maintenance majeure des réacteurs nucléaires, perturbant les plannings d’arrêts sur plusieurs années et provoquant des retards en cascade. Dans un scénario hivernal, les activités de maintenance seraient minimales car la quasi-totalité du parc serait en fonctionnement pour répondre à la demande hivernale. Une équipe d’exploitation réduite durant plusieurs semaines ne serait vraisemblablement pas une grosse menace pour la production nationale.

Encore une fois, c’est davantage le réseau électrique qui serait le maillon faible dans ce scénario, bien plus que les moyens de production.

Cette fiche a été sélectionnée pour apporter un éclairage sur la vision du nucléaire présentée dans le film Rembrandt.