Idée reçue

Les centrales nucléaires produisent du plutonium qu’on utilise pour faire des bombes atomiques

Trompeur !

En bref

Afin de pouvoir utiliser du plutonium dans une bombe atomique, celui-ci doit être de qualité militaire, c’est-à-dire riche en isotope fissile Pu-239 et pauvre en isotopes fertiles. Les réacteurs les plus courants ne permettent pas de produire du plutonium d’une telle qualité.

En détail

La construction d’une bombe atomique peut être basée sur l’une de deux matières premières : l’uranium hautement enrichi et le plutonium.

Voie du plutonium

Produire du plutonium à des fins militaires requiert des réacteurs spécifiques permettant d’irradier l’uranium sur de courtes périodes. En effet, pour que le plutonium soit efficace dans une arme nucléaire, il doit contenir moins de 6,5 % de plutonium 240 (un isotope fertile). Or ce n’est pas le cas du plutonium issu du combustible usé des REP.

Cette voie est assez facile à détecter, car elle nécessite l'exploitation de façon non-commerciale (irradiation courte) de réacteurs dont la technologie le permet - une telle exploitation serait facilement identifiable. [1] Cette méthode n’est pas possible dans les réacteurs des parcs électrogènes tel qu'en France. De plus, les opérations d'extraction du plutonium engendrent un dégagement facilement détectable de gaz radioactifs dans l'atmosphère.

Voie de l’uranium

Cascade de centrifugeuse dans l’Ohio, 1984 - Source : US Department of Energy

La voie de l’uranium est plus susceptible d’impliquer un détournement de matériel civil à des fins militaires. Elle ne requiert pas de réacteurs, mais repose sur l’enrichissement de l’uranium à plus de 90 %, contre quelques pourcents dans le combustible nucléaire classique. Les technologies d’enrichissement utilisées dans les domaines civil et militaire sont identiques, seule leur finalité diffère. Comme c’est le cas pour la production du plutonium, seules quelques nations maîtrisent ces technologies. [2]

Traité de non prolifération

À l’aide d’inspections spécifiques et poussées, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) veille à prévenir tout détournement des technologies nucléaires civiles à des fins militaires, dans le cadre du Traité de non-prolifération (TNP), signé par la quasi-totalité des États, à l’exception de l’Inde, d’Israël, du Pakistan et du Soudan du Sud.[3] La Corée du Nord s’est retirée du TNP en 2003.