Idée reçue

L’extraction d’uranium est responsable de l’émergence de plusieurs conflits armés en Afrique

Biaisé !

En bref

Les études tendent à montrer que l’extraction d’uranium ne constitue pas à lui seul un facteur favorisant l’apparition de conflits. Toutefois, si l’extraction d’uranium est associée à la présence sur le même territoire de groupes ethniques défavorisés alors le risque de conflits armés est majoré.

En détail

Ville d'Arlit au Niger

Pour les Français, l’évocation des mots "uranium" et "Afrique" fait immédiatement penser au Niger. Ce pays a en effet été le théâtre de conflits armés par le passé, notamment dans la région d’Arlit, où l’extraction d’uranium figurait parfois parmi les revendications des belligérants. Pourtant, généraliser la situation du Niger au reste de l’Afrique serait pour le moins hasardeux.

Le rôle des conflits ethniques préexistant

En effet, l’étude Does Uranium Mining Increase Civil Conflict Risk ? de Carlo Koos et Mathias Basedeau, montre que l’extraction d’uranium en tant que telle n’est pas un facteur significatif d’apparition de conflits armés en Afrique, mais que la conjonction de la présence de groupes défavorisés et de mines d’uranium dans une même région peut participer à l’émergence de conflits armés. L’étude souligne néanmoins que le lien n’a pu être démontré que dans le cas du Niger, malgré l’étude de quatre autres cas présentant une telle conjonction [1].

Le cas du Niger

Afin de comprendre le rôle de l’uranium dans les conflits armés au Niger, il faut en tout premier lieu comprendre le rôle prépondérant de cette ressource dans l’économie nigérienne. En effet, l’uranium a constitué 35 % des exportations du Niger durant la décennie 2010-2019 [2]. À ce rôle fondamental de l’uranium dans l’économie nationale s’ajoute un fait géographique très important : les gisements d’uranium du Niger sont principalement situés dans des zones historiquement touarègues. L’arrivée des mines d’uranium dans la région a suscité un grand espoir pour les populations touarègues. Rapidement déçues, ces dernières considérant qu’elles ne bénéficiaient pas suffisamment de l’exploitation du sous-sol de leur région, et ce, malgré le fait qu’elles en subissent les principales externalités [3]. 

Ainsi, c’est bien la conjonction de deux phénomènes qui ont fait de l’uranium un enjeu important des conflits ethniques de la région : une ressource qui constitue la principale manne financière de la région et la présence d’un groupe ethnique défavorisé.

Sources :

[1] Does Uranium Mining increase civil conflict risk ?, Carlo Koos & Mathias Basedeau, https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/13698249.2013.842744

[2] Rapport Banque de France Niger 2019, Banque de France, https://www.banque-france.fr/system/files/2023-08/Banque%20de%20France%20%E2%80%93%20cmaf2019_niger.pdf

[3] Niger : un État à forte teneur en uranium, Emmanuel Grégoire, https://shs.cairn.info/revue-herodote-2011-3-page-206?lang=fr&tab=texte-integral#s1n5 (Partie : Les Touaregs et l’uranium)