Le projet CIGEO n’est pas correctement dimensionné

L’ouvrage nécessaire au stockage des déchets de l’inventaire français de référence occupe une surface de 29 km², alors même que la faisabilité géologique du stockage a été démontrée sur une zone de 250 km². Une hausse de la quantité de déchets à stocker ne met pas en péril la faisabilité du projet.

Le projet CIGEO en bref

Le projet CIGEO vise à créer un site de stockage géologique profond des déchets nucléaires français. Développé par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA), il sera (s’il reçoit l’aval de l’autorité de sûreté nucléaire) situé à cheval sur les départements de la Meuse et de la Haute-Marne. Y seront stockés les déchets de haute activité (HA) et de moyenne activité à vie longue (MA-VL), dans une couche d’argilite dont les caractéristiques géologiques assurent que l’exposition des populations en surface reste négligeable à toutes les échelles de temps. [1]

Le dimensionnement du site

Un des enjeux principaux de ce projet est le dimensionnement du site. Étant donné les incertitudes inévitables concernant la quantité de déchets à stocker, deux inventaires des déchets concernés sont réalisés par l’ANDRA : un inventaire de référence et un inventaire de réserve. 

Le volume nécessaire au stockage est supérieur au volume propre des déchets, pour des raisons logistiques mais aussi du fait de la production de chaleur par certains de ces déchets, ce qui nécessite de les espacer dans le stockage.

L’inventaire de référence comprend tous les déchets déjà produits, ceux qui vont l’être par les installations nucléaires existantes, ainsi que les déchets que produiront les réacteurs autorisés mais qui ne fonctionnent pas encore. En fonction de décisions politiques et de la situation économique, la quantité de déchets à stocker pourrait être amenée à varier : ouverture de nouvelles centrales, reclassement de certains déchets, etc.

Adaptabilité

A partir des différents scénarios d’évolution de la filière électronucléaire et son impact sur la quantité de déchets à stocker, l’ANDRA établit un inventaire de réserve [2]. Afin d’obtenir l’autorisation de construire CIGEO, l’ANDRA doit montrer la faisabilité et la sûreté du projet dans le cadre de l’inventaire de référence, mais aussi démontrer qu’il pourra être adapté au cas de l’inventaire de réserve. À terme, si une décision était prise de stocker dans CIGEO des déchets issus de l’inventaire de réserve, une demande d’autorisation spécifique pour les déchets supplémentaires serait déposée par l’ANDRA [2].

Quelques incertitudes

L’IRSN souligne qu’il existe des incertitudes concernant le conditionnement de certains déchets, y compris dans le scénario de référence, et que l’ANDRA devra donc démontrer que le projet pourra s’adapter à ces incertitudes. 

L’IRSN relève que les déchets des huit réacteurs EPR2 en option dans la politique énergétique proposée ainsi que les déchets des petits réacteurs SMR en projet ne sont pas pris en compte dans cet inventaire de réserve, mais a souligné mi-2024 que les experts n’ont “pas identifié à ce stade de l’examen…d’élément de connaissances relatives à la géologie qui remette en cause l’adaptabilité de CIGEO" [3]. 

Pour résumer, la proposition actuelle du projet CIGEO s’inscrit dans une zone d’implantation des ouvrages souterrains (ZIOS) d’environ 29 km², elle-même inscrite dans une zone dite de transposition (ZT) de 250 km² à l’intérieur de laquelle la faisabilité d’un stockage a été démontrée [4]. Du fait de la surface de la zone ZT et de l’adaptabilité du projet CIGEO, une hausse de la quantité de déchets à stocker ne devrait pas être un obstacle au bon déroulement de ce projet.