Idée reçue
Le nucléaire est désormais beaucoup plus cher que le solaire et l’éolien
Trompeur !
En bref
En détail
Les coûts des énergies solaire et éolienne ont considérablement diminué au cours des dernières années, principalement en raison des progrès techniques et de l'augmentation de la production à grande échelle. En sortie du parc de production, ils se comparent donc favorablement à ceux du nouveau nucléaire [1]. Par exemple, entre 2010 et 2020, le coût de l'énergie solaire photovoltaïque a diminué de près de 90 % et celui de l'éolien terrestre de 56 %, selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables [2].
Une comparaison souvent incomplète
Plusieurs facteurs doivent être pris en compte lors de la comparaison des coûts entre ces sources d'énergie et l'électricité nucléaire. Premièrement, le nucléaire présente l'avantage d'avoir une production d'électricité constante, contrairement à l'éolien et au solaire, qui dépendent des conditions météorologiques. Cela signifie que le nucléaire peut fournir une base stable et fiable pour le réseau électrique. De plus, même si le coût de construction des nouvelles centrales nucléaires a augmenté, notamment en raison des réglementations de sécurité plus strictes et des retards de construction (comme dans le cas de l'EPR de Flamanville), les coûts de fonctionnement et de maintenance des centrales nucléaires existantes restent compétitifs par rapport aux autres sources d'énergie électrique [3].
Renouvelables et réseaux électriques
Finalement, les différentes technologies de production d’électricité conduisent à des besoins de flexibilité et d’investissement dans les infrastructures de réseaux très différents. Cela explique pourquoi il n’est pas forcément pertinent de comparer les coûts bruts en sortie d’éolienne ou de centrale nucléaire pour avoir une idée du coût final pour le consommateur. Aujourd’hui, les études cherchent à évaluer le coût des différentes solutions en incluant le « coût système », car c’est celui-ci qui sera à terme répercuté sur le consommateur [4]. Une étude de l’Agence de l’Energie Nucléaire de l’OCDE a trouvé qu’au-delà d’un taux de pénétration d’environ 30%, les énergies dites intermittentes (solaire, éolienne) augmentent les coûts système, avec en plus un impact négatif sur la stabilité du marché d’électricité [5].
Sources :
[1] LCOE + Report v.16 (US), Lazard, https://www.lazard.com/media/typdgxmm/lazards-lcoeplus-april-2023.pdf
[2] Les coûts de production de l’électricité de sources renouvelables en 2020, IRENA, https://www.irena.org/-/media/Files/IRENA/Agency/Publication/2021/Jun/IRENA_Power_Generation_Costs_2020_Summary_FR.pdf
[3] LCOE comparaison, IAEA, https://iea.blob.core.windows.net/assets/ae17da3d-e8a5-4163-a3ec-2e6fb0b5677d/Projected-Costs-of-Generating-Electricity-2020.pdf (p.46)
[4] Futurs énergétiques 2050 : Analyse économique, RTE, https://assets.rte-france.com/prod/public/2022-06/FE2050%20_Rapport%20complet_11.pdf (p.1-2)
[5] The Costs of Decarbonisation: System Costs with High Shares of Nuclear and Renewables
https://www.oecd-nea.org/jcms/pl_15000/the-costs-of-decarbonisation-system-costs-with-high-shares-of-nuclear-and-renewables