Idée reçue

Le GIEC a montré que l’éolien et le photovoltaïque ont un potentiel bien supérieur au nucléaire sur la baisse d’émissions de CO2

Trompeur !

En bref

Les évaluations du GIEC montrent que la réduction des émissions repose davantage sur les énergies renouvelables que sur le nucléaire. Toutefois, la plupart des scénarios compilés par le GIEC font l’hypothèse d’un important accroissement de la production nucléaire d’ici 2050.

En détail

Renouvelables et nucléaires : des énergies décarbonées

Bien qu’il soit à la mode d’opposer les énergies renouvelables et le nucléaire, ces sources de production électrique partagent un point commun essentiel : elles sont bas-carbone. Le GIEC évalue, pour chacune d’elles, un facteur d’émission médian [1] :

  • Nucléaire : 12 g CO₂eq/kWh
  • Éolien terrestre : 11 g CO₂eq/kWh
  • Éolien en mer : 12 g CO₂eq/kWh
  • Photovoltaïque : 41-48 g CO₂eq/kWh

Néanmoins, toutes ces sources d’énergie n’ont pas le même potentiel de déploiement, que ce soit pour des raisons économiques, géographiques ou politiques. Le GIEC fournit dans son rapport Global Warming of 1.5°C [2] une estimation du potentiel de réduction des émissions de CO₂ pour chacune d’elles entre 2019 et 2030.

estimation du potentiel de réduction des émissions de CO₂ - Giec Global Warming of 1.5°C

La lecture de cette infographie doit être faite en gardant à l’esprit qu’il s’agit d’une projection à l’échelle mondiale, alors que les réalités locales peuvent être très différentes. De plus, cette projection s’étend sur une période relativement courte (10 ans), ce qui peut être insuffisant pour le développement de certaines infrastructures, notamment les centrales nucléaires ou les barrages hydroélectriques, qui nécessitent souvent plus de dix ans entre la prise de décision de construction et le début du fonctionnement commercial.

Expansion du nucléaire dans la plupart des scénarios

Le fait que le GIEC lui attribue un potentiel plus faible à court terme ne signifie pas que la production nucléaire est vouée à disparaître: en effet, les scénarios du GIEC indiquent en moyenne un doublement de la production d’électricité d’origine nucléaire d’ici 2050 [4].

En résumé, le GIEC reconnaît effectivement le grand potentiel des énergies renouvelables quant à la décarbonation de nos sociétés. Il serait cependant réducteur d’ignorer que ce même rapport souligne également la capacité du nucléaire à produire de l’électricité bas-carbone tout en ayant une faible emprise au sol et un impact sur les vies humaines comparable à celui des énergies renouvelables [5].

Sources :

[1] Annexe III: Technology-specific Cost and Performance Parameters, GIEC, https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/02/ipcc_wg3_ar5_annex-iii.pdf (Table A.III.2)

[2] Climate Change 2023: Synthesis Report, GIEC, https://www.ipcc.ch/report/ar6/syr/downloads/report/IPCC_AR6_SYR_LongerReport.pdf (p.69)

[3] Global Warming of 1.5°C IPCC Special Report, GIEC, https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/2/2022/06/SR15_Full_Report_LR.pdf (Table 2.6)

[4] Sixth Assessment Report : Working group III Chapter 6 : Energy system, GIEC, https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/downloads/report/IPCC_AR6_WGIII_Chapter06.pdf (p.639-640)

[5] Sixth Assessment Report : Working group III Chapter 6 : Energy system, GIEC, https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/downloads/report/IPCC_AR6_WGIII_Chapter06.pdf (p.640-641)