Idée reçue
Il existe un risque accru de leucémie pour les populations vivant à proximité des centrales nucléaires
Trompeur !
En bref
En détail
Lorsque l’on évoque l’énergie nucléaire, il ne faut parfois attendre que quelques minutes avant que l’on nous dise que « Les centrales nucléaires provoquent des leucémies chez les enfants ». Essayons donc de faire la part des choses à ce sujet.
Les niveaux de doses
Avant tout autre développement, il est important d’avoir en tête quelques ordres de grandeur. Les doses de radioactivité auxquelles sont exposées les personnes vivant à proximité des centrales nucléaires sont extrêmement faibles, généralement comprises entre 0,001 et 0,01 mSv/an. À titre de comparaison, on considère qu’un Français subit en moyenne une dose de 1,5 mSv/an du fait des actes d’imagerie médicale. On se situe donc en bas du spectre de ce que l’on appelle les très faibles doses, et aucun effet n’a été démontré par des études épidémiologiques pour ces niveaux de doses.
L’étude GEOCAP
En France, que ce soit dans le débat public ou lors de discussions plus informelles, l’étude GEOCAP, publiée en 2012 dans l’International Journal of Cancer, est généralement citée pour appuyer l’idée d’un lien entre leucémies chez l’enfant et centrales nucléaires [1]. Cette étude souligne effectivement l’existence d’un surplus non expliqué de leucémies chez les enfants vivant à moins de 5 km de centrales nucléaires entre 2002 et 2007 (14 cas de leucémies observés au lieu de 7 théoriquement attendus) [1].
Néanmoins, les auteurs indiquent également que ce surplus n’est plus significatif si l’on considère des périodes plus longues ou lorsque l’on essaie de corréler les cas de leucémies non plus à la distance de la centrale, mais aux expositions aux rejets gazeux de la centrale [1]. Ces éléments renforcent ainsi l’hypothèse selon laquelle ce n’est n’est pas l’exposition aux rejets gazeux qui explique ce surplus de cas de leucémies.
Revue critique de l’IRSN sur le sujet
En 2008, l’IRSN a publié une revue critique au sujet des agrégats de leucémies observés autour de certaines installations nucléaires. L’IRSN souligne qu’aucune relation causale n’a pu être démontrée mais que « l’hypothèse infectieuse liée au brassage de population autour des sites nucléaires semble la plus étayée » [2].
Pour conclure, des cas de concentrations statistiques de leucémies ont en effet été détectés à proximité de certaines installations nucléaires, en particulier à Sellafield et Dounreay en Grande-Bretagne, ainsi qu’à Krümmel en Allemagne [3]. Toutefois, aucune cause claire n’a pu être mise en évidence, mais l’hypothèse infectieuse semble la plus solide.
Sources :
[1] Childhood leukemia around French nuclear powerplants, GEOCAP, https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1002/ijc.27425
[2] Les études épidémiologiques des leucémies autour des installations nucléaires chez l’enfant et le jeune adulte : Revue critique, IRSN, https://www.irsn.fr/sites/default/files/documents/expertise/rapports_expertise/IRSN_revue_critique_leucemie_2008.pdf
[3] Synthèse sur controverse technique : Suivi radiologique des riverains, CNDP, https://www.debatpublic.fr/sites/default/files/2024-12/Controverse%205%20-%20Suivi%20radiologique%20des%20riverains.pdf