Idée reçue

Avec le changement climatique on ne pourra plus refroidir les centrales nucléaires

Trompeur !

En bref

Le changement climatique n’aura pas d’impact sur la sureté des centrales nucléaires, mais pourra diminuer leur production lors des périodes où la température des fleuves sera trop élevée, ou que leur débit sera moindre. Des solutions d’adaptation sont disponibles pour réduire ces impacts sur la production et seront mises en place si leur rentabilité économique s’avère intéressante.

En détail

Des contraintes réglementaires

L'affirmation selon laquelle "avec le changement climatique on n'arrivera plus à refroidir les centrales nucléaires" est volontairement trompeuse. Il est avant tout primordial de comprendre que les arrêts de centrales que l’on a pu connaître lors de canicules sont le fait de la réglementation environnementale et non d’une menace concernant la sûreté.

En effet, les centrales françaises sont soumises à des contraintes strictes en matière de température des rejets afin de limiter l’impact sur l’environnement. Il arrive donc parfois qu’EDF soit contrainte d’arrêter certains réacteurs afin de ne pas dépasser les seuils limites de température.

Les différents types de circuit de refroidissement

Les centrales nucléaires peuvent être classées en deux catégories en fonction de leur système de refroidissement : les centrales en cycle ouvert et les centrales en cycle fermé. [1]

Circuit ouvert (à gauche) et circuit fermé (à droite) / Source : Futurs énergétiques 2050, RTE

Dans les centrales en cycle ouvert, l'eau de refroidissement est directement prélevée dans une source naturelle (rivière, lac, océan), utilisée pour refroidir la vapeur d'eau en sortie de turbine, puis rejetée dans la source d'origine. Dans les centrales en cycle fermé, l'eau de refroidissement est recyclée dans des tours de refroidissement et réutilisée pour le refroidissement, avec un prélèvement d'eau nettement inférieur, mais une légère consommation pour compenser l’évaporation. [1]

Les solutions envisageables

Le changement climatique peut affecter les deux types de centrales en provoquant une augmentation de la température de l'eau de refroidissement ou une diminution des volumes d’eau disponibles. Cependant, des solutions d'adaptation existent pour relever ces défis. Le passage d’une centrale en circuit ouvert au circuit fermé permet de réduire d’un facteur 30 les prélèvements d’eau dans les cours d’eau et donc de s’adapter à des débits plus faibles tout en limitant l’échauffement de la source d’eau. [2]

Centrale nucléaire de Palo Verde en Arizona

Dans le cas où le prélèvement en eau deviendrait extrêmement contraint, il est possible de refroidir les centrales à l’aide de sources d’eau alternatives. La centrale nucléaire de Palo Verde, aux États-Unis, utilise par exemple les eaux usées de la ville de Phoenix pour son refroidissement. Et ce alors même qu'il s'agit de la plus grande centrale nucléaire des États-Unis, avec une capacité de production de 4 GW répartie en trois réacteurs. [3]

Finalement, il est aussi possible d’adapter temporairement les seuils réglementaires de température. Par exemple, en France, à l’été 2022, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a autorisé EDF à augmenter temporairement les seuils de température de l'eau de refroidissement. [4]

Sources :

[1] Les besoins en eau d’une centrale nucléaire, SFEN, https://www.sfen.org/vos-questions/quels-sont-les-besoins-en-eau-dune-centrale-nucleaire/

[2] Rapport d’information : « Éviter la panne sèche – Huit questions sur l’avenir de l’eau », Sénat, https://www.senat.fr/rap/r22-142/r22-14223.html#fnref100

[3] « Canicule 2020, quel impact sur les centrales nucléaires françaises et les autres énergies ? », SFEN, https://www.sfen.org/rgn/canicule-2020-impact-centrales-nucleaires-francaises-energies/ 

[4] L’ASN modifie temporairement ses prescriptions encadrant les rejets thermiques des centrales nucléaires de Blayais, Bugey, Golfech, Saint-Alban et Tricastin, ASN, https://www.asn.fr/information/archives-des-actualites/modification-temporaire-des-prescriptions-encadrant-les-rejets-thermiques-de-5-centrales-nucleaires