Idée reçue

Les centrales nucléaires ne sont pas pilotables et tenter de le faire est dangereux

Faux !

En bref

Les centrales nucléaires, bien que souvent utilisées à pleine puissance, peuvent réaliser un « suivi de charge » comme en France, sans compromettre leur sûreté si cela est fait dans les règles. Cependant, cette modulation peut accélérer l’usure de certaines pièces.

En détail

On entend parfois dire que les centrales nucléaires ne sont pas pilotables et qu’elles sont donc intrinsèquement incompatibles avec la production renouvelable intermittente. Certains vont même jusqu’à dire que tenter de faire de la modulation avec un réacteur nucléaire menace la sûreté de celui-ci.

Une pratique rare à l’échelle mondiale mais courante en France

Production nucléaire en Espagne au mois d’aout 2024 / Source : Energy-charts.info
Production nucléaire en France au mois d'août 2024 / Source : Energy-charts.info

Si l’on constate qu’effectivement la plupart des centrales nucléaires fonctionnent constamment à pleine puissance (« en base »), ce n’est pas le cas de la totalité d’entre elles. Le parc nucléaire français constitue le contre-exemple parfait : du fait de la part très importante de l’énergie électronucléaire dans le mix électrique français, les centrales françaises réalisent ce que l’on appelle le « suivi de charge » pour adapter leur production à la consommation résiduelle (= consommation – production non pilotable) [1], à l’aide de barres de contrôle spécialement conçues pour ce mode de fonctionnement. Lorsque l’utilisation du réacteur en suivi de charge est réalisée conformément aux différentes règles de sécurité, la sûreté du réacteur n’est en aucun cas menacée.

Usure prématurée de certaines pièces : un sujet de controverse

Toutefois, il est globalement reconnu que la modulation de puissance d’un réacteur nucléaire peut accélérer l’usure de certaines pièces et donc accroître la nécessité de maintenance, en particulier au niveau du circuit secondaire. L’ampleur de ce phénomène reste toutefois sujette à débat [2] [3]. 

Il est donc nécessaire pour l’exploitant de réaliser une optimisation économique entre la perte éventuelle en cas de vente à prix trop faible [3] et le coût de maintenance supplémentaire induit par le suivi de charge. Aujourd’hui, les réacteurs EPR prennent en compte dès leur conception la possibilité de fonctionner en suivi de charge, ce qui permet d’améliorer encore la flexibilité des réacteurs [4].

Sources :