Idée reçue
Il n’existe pas de solution pour les déchets nucléaires
Trompeur !
En bref
En détail
Une dangerosité qui décroît avec le temps
Le stockage des déchets radioactifs s’appuie sur un phénomène physique propre aux matières radioactives : la radioactivité de ces matières tend à décroitre au cours du temps. On peut alors classer les déchets en fonction de leur niveau de radioactivité initiale et la vitesse à laquelle ce niveau de radioactivité décroît (on parle de période ou de « demi-vie »). L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) classent les déchets radioactifs en 6 catégories.

Des solutions déjà opérationnelles pour trois catégories de déchets
l’heure actuelle, 3 catégories de déchets possèdent déjà une filière de gestion opérationnelle : les déchets à vie très courte (VTC), les déchets de très faible activité (TFA) et les déchets à faible et moyenne activité à vie très courte (FMA-VC).
Les déchets VTC, principalement issus de la filière médicale, sont gérés par décroissance radioactive sur le site de production, ils sont entreposés sur place de quelques jours à quelques mois jusqu’à ce qu’il puissent rejoindre la filière traditionnelle de gestion des déchets. [2]
Les déchets TFA représenteront le plus grand volume à terme, d’après les scénarios de l’ANDRA. Ces déchets à la radioactivité très faible (en général inférieur à 100 Bq/g) sont stockés en surface dans le Centre industriel de regroupement, d'entreposage et de stockage (Cires), dans l’Aube. Du fait de la saturation du site dans les années à venir et de la grande production de déchets TFA à venir du fait du démantèlement de certaines centrales nucléaires, l’ANDRA étudie désormais le stockage sur les sites de production de ces déchets, mais aussi la revalorisation d’une partie d’entre eux dans les filières conventionnelles. [2]
Les déchets FMA-VC sont stockés en surface dans le Centre de Stockage de la Manche (arrivé à saturation en 1994) et dans le Centre de stockage de l’Aube. Ces déchets sont surveillés jusqu’à ce que leur radioactivité devient négligeable par rapport à la radioactivité naturelle. Sur les sites de stockage de l’Andra, on considère en général que ce niveau est atteint en 300 ans. [2]
Une solution en cours de validation pour les déchets les plus dangereux
Les déchets de HA et de MA-VL concentrent actuellement plus de 99,5 % de la radioactivité des déchets radioactifs inclus dans l’inventaire national de l’ANDRA, mais seulement 2,5 % du volume total [3]. Ces derniers ont vocation à rejoindre après conditionnement un centre de stockage géologique profond creusé dans l’argilite, nommé CIGEO, à la limite entre la Meuse et la Haute-Marne. Les propriétés des matériaux de conditionnement et de l’argilite permettent de s’assurer que même à très long terme, les doses auxquelles seront soumises les populations en surface demeurent négligeables. [2] [4]
Certaines incertitudes demeurent
Les déchets FA-VL constituent une catégorie assez hétérogène regroupant des déchets de la filière électronucléaire et certains déchets industriels. Le stockage à faible profondeur est actuellement étudié par l’ANDRA pour cette catégorie de déchets, qui représente actuellement 5,9 % du volume total de déchets radioactifs de l’inventaire national de l’ANDRA [2] [3].
Des incertitudes demeurent quant à la gestion de certains déchets MA-VL dit “bituminés” dont le conditionnement rend difficile le stockage [5]. Par ailleurs la gestion à long terme du stock d’uranium appauvri, aujourd’hui considéré comme une matière radioactive valorisable et non comme un déchet, est également source de controverse.
Sources :
[1] Déchets nucléaires, ANDRA, https://www.andra.fr/dechets-radioactifs-fini-les-idees-recues
[2] Classification des déchets et filières de gestion, ANDRA, https://inventaire.andra.fr/les-matieres-et-dechets-radioactifs/classification-des-dechets-radioactifs-et-filieres-de-gestion
[3] Essentiel Inventaire National 2024, ANDRA, https://www.andra.fr/sites/default/files/2024-03/ANDRA_Inventaire%20national_Essentiel%202024_V13.pdf
[4] Plaquette CIGEO 2024, ANDRA, https://www.andra.fr/sites/default/files/2024-01/Andra_Plaquette_Cigeo_MAJ_JANV%202024_V3.pdf (p.11)
[5] Revue externe sur la gestion des déchets bitumés, PNGMDR, https://www.asn.fr/Media/Files/00-Publications/Rapport-final-revue-dechets-bitumes