Idée reçue

Le privé ne veut plus investir dans le nucléaire

Incomplet !

En bref

Si peu d’entreprises privées ont investi dans la construction de nouveaux réacteurs ces dernières années, ces dernières sont néanmoins restées très actives dans l’exploitation de réacteurs existants. On assiste néanmoins à un nouvel engagement des acteurs privés ces dernières années, notamment dans le secteur des Small Modular Reactors (SMR).

En détail

On ne peut pas nier que rares ont été les entreprises privées à se lancer dans la construction de nouvelles centrales nucléaires durant les deux dernières décennies. La construction des réacteurs Vogtle 3 & 4 demeure le projet entièrement privé le plus important de la dernière décennie [1]. Que ce soit en Europe ou aux États-Unis, il serait néanmoins faux de dire que les entreprises privées se sont retirées de l’industrie électronucléaire.

Des entreprises privées toujours très actives dans l’exploitation de centrales

Centrale nucléaire de Tihange en Belgique opérée par Engie - Source : Electrabel

En effet, si elles ont boudé l’investissement dans la construction de nouveaux réacteurs, de nombreuses entreprises continuent d’exploiter des centrales nucléaires à travers le monde. La plupart des centrales nucléaires américaines sont, par exemple, exploitées par des entreprises privées. Plus près de nous, Engie, dont le capital est majoritairement privé, exploite plusieurs réacteurs nucléaires en Belgique, et ce, au moins jusqu’en 2035 [2].

Un retournement de situation en cours ?

L’opinion des investisseurs privés concernant l’énergie nucléaire semble néanmoins être en train de changer, et ce, pour au moins trois raisons. Premièrement, les entreprises de Small Modular Reactor promettent de réduire drastiquement l’investissement initial nécessaire à la construction de réacteurs nucléaires, ouvrant ainsi la porte à de nouveaux investisseurs. L’investissement des GAFAM dans de nouveaux projets électronucléaires constitue également un changement majeur, que ce soit pour la construction de SMR ou bien la réouverture de réacteurs nucléaires qui avaient été arrêtés [3].

Centrale nucléaire de Three Mile Island dont le réacteur n°1 a fait l’objet d’un accord en vue de sa réouverture entre Constellation et Microsoft

Vers de nouveaux mécanismes de financement ?

Finalement, les banques semblent aujourd’hui plus enclines à financer le secteur nucléaire, comme en témoigne la déclaration conjointe de quatorze grandes banques s’engageant à renforcer leur soutien à la filière électronucléaire [4]. Néanmoins, cette réticence des investisseurs privés à l’égard de l’énergie nucléaire doit nous interroger. Comment attirer des capitaux privés afin de financer la construction de nouvelles centrales nucléaires ? 

Aujourd’hui, de plus en plus d’États réfléchissent à de nouveaux mécanismes de partage des risques limitant le risque porté par l’investisseur lors de la construction. Cela pourrait permettre de réduire le coût final assumé par le consommateur tout en favorisant l’investissement privé [5].