Le coût de l’EPR de Flamanville est passé de 3 à 20 milliards d’euros

L’EPR a en effet coûté considérablement plus que ce qui était initialement prévu par EDF. Cela s’explique par des estimations initiales peu réalistes et la perte d’expérience de l’ensemble de la filière, après plus de vingt ans de “stop and go” politiques sans construction neuve. C’est également dû à la complexification de la réglementation nucléaire et environnementale, ainsi qu’à son évolution au cours du chantier. D’un point de vue financier, l’ensemble de ces raisons a entraîné des retards importants, augmentant le coût de la dette et les intérêts intercalaires.

Le coût de construction de l’EPR de Flamanville était initialement évalué à 3,3 milliards d’euros (de 2015), et les dernières publications d’EDF tendent à montrer que le coût de construction se situe autour de 13,2 milliards d’euros (de 2015) [1].

Si l’on considère le coût total de l’EPR en incluant les coûts financiers et les coûts de maîtrise d’ouvrage, on atteint un montant total de 20,4 milliards d’euros de 2015, soit 23,7 milliards en 2023 [1]. Diverses raisons expliquent cette envolée des coûts [2] :

1. Retards : La construction de l'EPR a pris beaucoup plus de temps que prévu en raison de la perte d’expérience de l’ensemble de la filière nucléaire, après plus de 20 ans sans construction neuve, une conception et une fabrication plus complexes pour répondre aux évolutions de la réglementation nucléaire et environnementale, y compris en cours de chantier, et  diverses difficultés techniques classiques pour un prototype. Le rapport Folz [3] considère également que les hypothèses de coûts et de délais d’EDF étaient irréalistes et l’organisation industrielle inadaptée et insuffisamment préparée. Ces retards ont entraîné des coûts supplémentaires liés à la gestion du chantier, au maintien des équipes sur place, et aux reprises de travaux rendues nécessaires par les difficultés rencontrées (génie civil, problématique des soudures du circuit secondaire principal, équipements à modifier…) . 
2. Modifications de conception : Au cours de la construction, certaines modifications ont été nécessaires pour répondre aux nouvelles exigences de sûreté et de régulation, ou du fait de problèmes rencontrés lors de la fabrication d’équipements et en construction, entraînant des délais et des coûts supplémentaires.
3. Frais financiers : Comme pour tout projet de grande envergure, les retards  ont engendré des coûts financiers. En effet, l’investissement réalisé par EDF étant financé principalement par des emprunts, les intérêts accumulés sur ces derniers augmentent le coût total du projet de manière très significative. Les 23,7 milliards d'euros (base 2023) évoqués incluent entre 4 et 5 milliards d’euros de frais financiers [1]. 
   

L’augmentation des coûts de l'EPR de Flamanville est en partie due à des circonstances spécifiques. Les nombreuses leçons tirées de ce projet permettront sans doute d'améliorer la gestion et la réalisation de futurs projets nucléaires.